Corse Matin PORTRAIT. « François Tatti, une enfance dure mais heureuse »

Par Christophe Laurent

L’homme débarque dans un café de l’avenue Emile-Sari comme un coup de vent. Pif, paf, deux bises ici, une poignée de mains là. « Un café, s’il te plaît. » François Tatti, est un homme pressé, occupé, toujours entre deux rendez-vous à l’assemblée de Corse ou au Syvadec. « Ce matin, je me suis levé à 5 h 30 pour une visite de deuil à des amis sardes, à Folelli. Ensuite, je me suis fait ma petite séance de sport bi-hebdomadaire avec Marie-France, mon épouse. »

À 53 ans, il affiche presque trois décennies au service des collectivités locales. S’il est aujourd’hui conseiller territorial, président du Syvadec et conseiller municipal à Bastia, il n’oublie pas qu’il a commencé à 26 ans comme secrétaire général, à la mairie de Penta di Casinca.

« Je rentrais de mes études de droit à Montpellier, j’avais obtenu un DESS. J’ai passé cinq années auprès de Joseph Castelli, j’ai tout appris…»

Sa relation avec l’actuel président du conseil général de Haute-Corse, est teintée de gratitude et de tendresse.

Car c’est lui qui est devenu son tuteur légal lorsque les parents de François Tatti ont décidé de regagner leur Sardaigne natale. C’était en 1977. Son père, ouvrier dans les vignes, souffrait de tous les produits inhalés dans les cuves des exploitations. Le couple décide, avec ses quatre enfants, de rentrer au pays. « Je ne voulais pas retourner en Sardaigne, je leur ai dit que la Corse c’était chez moi, j’y étais né… Ce fut une période très dure, difficile. Mes parents sont donc partis mais nous avons évidemment gardé le contact. Je vais en Sardaigne au moins une fois chaque année pour les voir. »

Parties de pêche avec les amis en week-end

Self made man, ce quinquagénaire aux yeux toujours rieurs, se souvient de ses petits boulots pour payer des études, de cette « vache enragée » qu’il a longtemps mangée. D’ailleurs, s’il ne sait pas encore cuisiner aujourd’hui, c’est parce qu’il s’est longtemps contenté de sandwiches.

Sa femme, chef d’établissement à Jeanne-d’Arc, il l’a rencontrée en 1986, avant de l’épouser six ans plus tard. Leur fille a désormais 21 ans.

En couple ou en famille, il n’est pas rare de les croiser au théâtre, à un concert à Patrimonio.

« J’attache beaucoup d’importance à la famille évidemment. Mais aussi aux amis. En ce moment, avec la campagne, je les délaisse un peu et cela me coûte. J’ai une équipe de potes, on va dans le sud, pour des parties de pêche et de chasse. On fait du camping… Ce sont des moments extraordinaires. Qui me manquent. »

Dans ses goûts, dans ses choix, il y a sans doute la trace de l’homme qui s’est construit seul, avec beaucoup de volonté et de travail.

Bob Dylan, Jérôme Ferrari et Yourcenar

Aujourd’hui, François Tatti est un homme qui profite de tous les instants possibles pour se cultiver. Gros lecteur, il dévore l’œuvre de Malraux, mais aussi des polars et garde un souvenir impérissable du livre Où j’ai laissé mon âme de Jérôme Ferrari. Et tous les dix ans, il n’oublie pas de se plonger dans Les mémoires d’Hadrien, de Marguerite Yourcenar. Son sourire se fige : « C’est un roman exceptionnel sur cet empereur romain. Une longue lettre imaginaire, d’une force intacte, d’une profondeur rare. C’est vraiment mon livre de chevet.» Enfant des années 70, il n’a pas manqué de s’amuser au Castel, discothèque cultissime de la Plaine orientale où il a écouté à fond Bob Dylan, Joe Cocker et Franck Zappa. Maintenant, il se reconnaît un peu moins dans ce qu’il entend à la radio, « exception faite de Stromae, parce que je suis un grand fan de Brassens et de Brel.» Et puis, comme si cela ne suffisait pas, l’ancien libero du CAB va tous les week-ends supporter les équipes bastiaises. Que ce soit le Sporting ou son ancien club. « Je suis footeux mais dans les stades. Pas devant la télé. À part pour la Coupe du Monde. »

Rester sans rien faire, cet homme ne connaît pas.

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